Je suis dans une période de recherche de projets, de façon de vivre, de sens aussi (direction et signification). Je me suis donc interrogé sur ce qui me conviendrait le mieux. Je partage ici le cheminement de ma pensée du jour. J'ai conscience que le sujet est traité superficiellement et contient des biais logiques. Mais cette reflexion m'a été utile pour mieux définir les lignes conductrices servant de cadre à ma vie. Peut-être peut-elle t'être également utile ?

Je pense qu'aucun Dieu n'existe, si l'on considère un tel être comme ayant un pouvoir d'action et des intentions à notre égard. Attention, des êtres plus puissants que nous en tant qu'individu, pouvant avoir des intentions hostiles envers notre personne existent. Mais ces êtres sont régis par les lois de la nature auxquelles nous sommes nous-même confrontés. Je postule donc que les Dieux sont des créations humaines.

Partant du principe que seule une volonté créatrice et transcendante donne un sens aux choses et que notre origine, suivant un principe de mix hasardeux dans la composition génétique, n'est pas le fruit d'une telle volonté, j'en conclus que nos vies n'ont aucune signification.

Toutefois, si la vie n'a aucun sens (signification), notre vie peut en avoir un. Le sens que l'on choisit. On peut penser qu'il s'agit là de se voiler la face. Je ne crois pas. Je choisis un sens tout en le sachant arbitraire. Il en va de même pour beaucoup de choses, notamment des mots, le sens des mots est arbitraire. Leur donner un sens est, somme toute, utile. De même, donner un sens à mes projets, à mes actes, à ma vie m'est utile. Utile car me donnant de la motivation, du courage, de la joie, de nouveaux projets. Bref, cela contribue à mon bien-être.

Mais alors, quel sens donner à sa vie ?

J'ai longtemps été bercé par l'appel du prestige. J'ai changé. Je me suis aperçu de l'absurdité de désirer que l'on admire un avatar de sa personne. Je dis avatar car je pense que deux êtres sont deux univers, qui ne fusionnent jamais, qui restent, dans l'ensemble, incompréhensibles l'un de l'autre, et donc dont l'un ne connait jamais vraiment l'autre. Je dis ça sans amertume, je considère cela simplement comme un fait et il faut vivre avec. Il est déjà fort difficile de se connaitre soi-même alors que l'on passe presque un siècle et 14 heures par jour à vivre à ses côtés. Je vois mal quiconque s'intéresser à autrui avec autant de zèle. D'où ma conclusion que l'on ne connait au mieux qu'un avatar d'autrui. L'admiration ne vise donc finalement qu'un aspect d'autrui, un avatar de sa personne, jamais un être dans sa globalité. D'où la vanité de ce désir de prestige.

Je veux donc me débarasser de cette sorte d'addiction au prestige social. Il me faut garder en tête ce qui compte vraiment, ou, dit autrement, ce que je choisis comme étant important.

J'ai souvent fait les choses qui doivent être faites même si je n'en nourrissais nullement l'envie intrinsèque. Ces tâches étaient utiles indirectement pour d'autres projets (obtention du diplôme ou du salaire par exemple, conformité sociale, etc...). Je souhaite donc aujourd'hui tenter un changement de paradigme.

Ayant l'opportunité d'agir ainsi, je vais essayer de me laisser guider par l'envie plus que par l'objectif. Si donc, je veux lire alors je lis. Si donc, je veux écrire alors j'écris. Si donc, je veux être oisif, soit, qu'il en soit ainsi. Mais je veux que mes actions émanent de mon être avec entrain autant que faire se peut.

Dangeureux ? Menant à l'oisiveté ? Je ne crois pas. La raison reste mon guide, non pas le repos du corps. Et bien sûr, je crains l'ennui. Je postule qu'un tel mode de vie accompagné de ce qu'il faut d'éthique peut mener à la satisfaction en ce qu'il nous rapproche d'une concentration sur le moment présent. Ce qui m'amène à conclure avec l'adage: "vivre l'instant présent à fond". J'ai l'impression de citer l'évidence avec cette phrase. J'arrête là.

Car le feu qui me brule est celui qui m'éclaire

La vie sans travail m'a bien fait comprendre que le travail est important pour mon bien être au quotidien. Le travail au sens où on l'entend aujourd'hui, à savoir le travail rémunéré.
Important oui, il me semble que le travail (à savoir la frustration d'avoir un ou une supérieur.e hérarchique ou des client.e.s, d'avoir des obligations, de se sentir intégré et utile, etc...) régule ma frustration, mes motivations, mes émotions, mais il ne faut pas perdre de vue que le travail en tant que tel ne fait pas les souvenirs.

Ce qui me marque, c'est les défis lancés desquels s'en suivent une réussite, ou non.
Ce qui me marque, c'est les activités avec les autres.
Ce qui me marque, c'est les émotions.
Les films, les livres, la musique, le théatre, en d'autres termes, la culture.
La culture me marque.
L'admiration, l'intérêt, l'attirance, en bref, l'amour.
L'amour me marque.
Le conflit, la destruction, le changement, soit la créativité.
La créativité me marque.

Un peu de tout ça pour une vie équilibrée.
Une vie équilibrée, c'est un travail d'équilibriste. Encore et toujours du travail.

Travail, travail, travail, j'entends ça partout.
Le travail comme valeur, sérieusement ? Mais c'est quoi l'idée, je suis un travailleur, je fais partie de cette catégorie d'individu qui a un travail parce qu'il est conforme à ce que la société, organisée telle qu'elle est aujourd'hui, attend de lui. Le travail comme valeur ? Le travail, c'est la croissance économique. Le travail, c'est aussi la domination de l'homme sur la nature. Le travail, c'est aussi la domination de l'homme sur ses congénères. Eriger ça comme valeur, sérieusement ?
Je fais partie des individus particulièrement chanceux au sein de la population. Entendez homme, blanc, cis, valide, classe moyenne supérieur, né dans un pays riche, diplômé. Le travail comme valeur, bien sûr, moi qui n'ai aucune difficulté a en trouvé un, de travail. Le travail, est-ce que finalement, c'est la valeur des puissants, ceux qui détiennent, ceux qui exercent, ceux qui dirigent ?
Pour ne pas avoir le travail en estime, faut-il être exclu du système érigeant le travail en valeur ?

Leçon d'une otite.

J'ai une inflamation de l'oreille interne. Douleur aïgue et pulsative pendant 4 jours et nuits. Je ne dors que 30 minutes puis me réveille pour une heure et recommence ce cycle, jusqu'au petit matin. Les Dolipranes ne font pas d'effet mais j'en prend quand même un chaque 5/6h au cas où. La douleur n'est pas controlable, son intensité, sa présence, sa forme. Respirer parfois aide, parfois non. La mastication est douloureuse.
Difficile de profiter de quoi que ce soit, le gout, la douceur, l'amour, l'intérêt, la musique, chaque joie est atténuée. Ne prend une place prépondérante que la douleur et l'attente de son aténuation. J'ai l'impression de vivre pour la prochaine phase d'accalmie de douleur.
J'écris ce post pour me plaindre ? Bien sûr.
Cette douleur me pousse à me concentrer sur tout et n'importe quoi, pour m'éloigner d'elle au plus. Je suis donc plus productif. La nuit aussi, je lis, j'apprends, de nombreuses heures en plus à gober des connaissances. Gober car c'est presque compulsif. Les 'grands personnages' comme on dit, ceux qui ont produit beaucoup, gobaient-ils ? Et donc, souffraient-ils ?